Le lac de Guiers noie la vie des femmes enceintes!

Publié le par Estelle

Le lac de Guiers noie la vie des femmes enceintes!

Les 2500 âmes de l’île de Diokhor Takk vivent les pieds dans l’eau du Lac de Guiers, le cours d’eau qui alimente les ménages de Dakar en liquide précieux. Paradoxalement, les femmes enceintes de cette île, située à plus de 50 km de Keur Momar Sarr, en meurent sans aucune forme de procès ou de reconnaissance de leur droit à l’accès à l’eau potable ; ceci dans un contexte où l’Etat se réjouit de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement dans ce domaine.

Dakar savoure l’eau qui coule des robinets. Là où 90% consommés dans la capitale proviennent du Lac de Guiers, qui est la source de malheurs des populations qui vivent les pieds dans l’eau.
Ces cinq dernières années, huit femmes enceintes ont fini par mourir après avoir fait de fausses couches suite au soulèvement de bidons d’eau puisés du lac pour leurs ménages.

Sur le rivage, une porte d’entrée s’ouvre sur le plan d’eau. Char­rettes, femmes et enfants la fréquente de la levée au coucher du soleil. Les pirogues sont sur le quai boueux. Pour trouver de l’eau à boire, les populations doivent nager jusqu’à plus d’une vingtaine de mètres. Les labeurs des femmes de l’île de Diokhor Takk à l’origine des décès constituent un parcours de la combattante à huit obstacles. 
Elles doivent prendre une bassine ou un bidon de 20 litres. Ensuite, elles marchent dans le lac jusqu’à dépasser la sale rive à 20 m. L’eau leur arrivent à la hauteur de la poitrine. Elles puisent de l’eau larvée et verdâtre. Pour l’épargner des saletés de la rive, elles soulèvent la bassine et regagnent les berges. Elles font transporter les bidons à la maison par charrette. Puis, on met du sulfate de sodium dans l’eau afin de la séparer des particules solides. A partir de ce moment, on la décante dans un autre récipient pour y verser quelques gouttes d’eau de javel. La huitième tâche consiste à filtrer l’eau javellisée. Le produit «noirâtre» obtenu peut maintenant être consommé comme étant de «l’eau potable». Laissé au repos, le fond des bassines est couvert par un dépôt de particules solides noires.
Regrou­pées à la place publique du village, les femmes sont unanimes sur le fait que «rien que la fraîcheur de l’eau du lac peut être préjudiciable au corps humain et surtout à celui d’une femme en état de grossesse».
Dans l’île, les victimes des avortements ont du mal à être évacuées au poste de santé le plus proche qui se trouve à Gnith. «Il faut traverser le lac par pirogue. Par conséquent, il faut pagayer...Dure réalité pour toutes ses femmes !

Publié dans femme, Nord Sénégal

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