Gabil, le pagne Diola

Publié le par Estelle

Petit à petit le coton devient pagne !

Proverbe africain

Je vais vous raconter l'histoire d'un morceau de tissu un peu spécial, un peu magique et beaucoup Diola !!! Dans le royaume du Mof Awi, en Basse Casamance, le pagne Gabil est tout un symbole, fait parti des traditions diolas et les femmes ont un rôle primordial dans la confection de l'étoffe. Le tissu accompagne un Diola de la naissance à la mort.   

Chez Oumou, les pagnes sont protégés contre l'humidité, ils sont enfermés dans des canaris.

Chez Oumou, les pagnes sont protégés contre l'humidité, ils sont enfermés dans des canaris.

En sillonant la basse Casamance depuis quelques temps, à chaque fête diola, les pagnes sont de sortie alors je voulais en savoir plus sur leur confection et pourquoi ils sont si précieux et symbolique. L'arbre qui neige, est à la base de tout ! Le coton est ramassé sur l'arbre, le cotonnier.

Le cotonnier avec ses boules de coton

Le cotonnier avec ses boules de coton

Le coton est ramassé, et les femmes entrent en scène pour le travailler et en faire des fils. Tout d'abord, les boules de coton sont posées sur un morceau de bois appelé "figuinine" et aplaties à l'aide d'une tige en fer "foumagne". C'est l'étape de l'égrenage. Pour unifier les boules, les femmes utilisent un ustensile en forme d'arc "fitegum". Afin de rendre le coton plus souple, les femmes utilisent le "gakada" : deux sorte de brosses où le coton est gratté entre les deux. Viens ensuite l'utilisation du "fougote" pour enrouler le coton. Avec une quenouille, le coton est transformé en fil.

A Eloubalir, une veille dame file le coton.A Eloubalir, une veille dame file le coton.A Eloubalir, une veille dame file le coton.

A Eloubalir, une veille dame file le coton.

Le filage terminé, deux bobines seront suffisantes pour la confection du pagne. Laissons alors la place aux hommes, aux tisserands. Je tiens à vous présenter Elias, un grand frère qui tisse de manière traditionnelle.

Tissage traditionnel, tisserand EliasTissage traditionnel, tisserand Elias
Tissage traditionnel, tisserand EliasTissage traditionnel, tisserand Elias

Tissage traditionnel, tisserand Elias

Le tisserand a fini les bandes qui vont être assemblées et terminées par des franges. Cette finition est faite de nouveau par les femmes. 

Dernière étape, la teinture du pagne, cette couleur si particulière. Des écorces d'arbre, boulogogne sont nécessaire ainsi que des feuilles bassékété. Les feuilles sont pilées afin d'en obtenir un jus, puis, mélangées à de l'eau bouillante avec les écorces. Le pagne est plongé, et commence à noicir ; plus il restera dans le mélange, plus tiendra la teinture du pagne. Après un bain de quelques heures, le pagne est mis à sécher. 

Et voilà le résultat en image je porte le pagne Gabil, l'identité des diolas. Et pourtant aujourd'hui il est en train de disparaitre, les filles allant à l'école n'apprenne plus le filage du coton, et les ustensiles commençant à manquer. J'encourage cet art qui doit perdurer, il a une histoire et c'est aussi l'histoire des diolas. 

Avec le pagne traditionnel Diola

Avec le pagne traditionnel Diola

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S
Excellent article avec de belles images, merci. Quel dommage que cet art se perde... Je me demande pourtant comment les points blancs sur le pagne sont produits. Sont-ils ajoutés après coup en enlevant de la teinture d'une certaine façon? Ou bien est-ce quelque chose dans le tissage ou dans le processus de coloration qui fait que ces endroits ne prennent pas la teinture?
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